Cartographie métiers Métiers du speak : trouver la bonne voix !

La voix off est devenue «in» sans nul doute avec celle de la SNCF. Cette voix qui résonne dans les gares de France est une illustration parmi tant d'autres des possibilités qu'offre le métier de voix-off. Les comédiens qui choisissent cette voie utilisent leur organe vocal pour divertir, informer ou encore convaincre. Appelés voix-off, ce sont des acteurs invisibles dans le domaine de l'audiovisuel et du cinéma. On les entend partout, tout le temps dans les publicités, les dessins animés, les films et documentaires, les systèmes de messagerie, les films étrangers doublés, les messages d'intérêt public et les divertissements multimédias audio... La liste est longue, preuve que ce métier de l'ombre fait toujours et encore preuve d'une réelle utilité.

Fondamentalement, le travail de voix off est un travail dit de narration. Cela correspond à toute situation où une voix est entendue mais où aucune personne n'est visible. Vous pouvez entendre une narration en voix off en regardant des publicités ou des documentaires, en écoutant des messages d'intérêt public... Il existe aussi la narration éducative (e-learning, audioguides, etc.), la narration d'entreprise (modules de formation, vidéos d'entreprise, IVR, etc.) et celle qui raconte une histoire (documentaires, audiodescription, livres audio...).
Les talents sont généralement invités à atténuer leur jeu, à éviter d'être trop emphatiques, à comprendre et à s'adapter aux différences subtiles entre les projets. Les scripts sont longs et peuvent contenir des mots difficiles ou inhabituels.

Quel que soit le domaine de prédilection, les compétences nécessaires sont similaires : une bonne voix parlée, un talent pour le jeu et, plus important encore, une capacité à interpréter le scénario. Tout est une question d'interprétation et même d'amélioration de ce que l'auteur voulait porter comme message. La clé n'est pas le timing mais la correspondance du ton avec le message à transmettre.
Pour devenir un bonne voix, il faut tout d'abord maîtriser sa respiration : autrefois, la respiration audible lors d'un enregistrement était proscrite. L'artiste voix off s'est exercé à prendre des respirations silencieuses, à travailler le microphone pour cacher les respirations et à rythmer ses phrases. La respiration audible est plus acceptable aujourd'hui. Cependant, il est toujours avantageux d'en minimiser l'effet. Une grande respiration haletante au milieu d'une phrase est toujours mauvaise, mais facile à éliminer. Pendant que vous vous entraînez à lire le script, marquez les endroits où vous pouvez respirer en toute sécurité, en particulier là où vous savez qu'il y aura un montage ou une pause et répétez la respiration à ces endroits. Vous pouvez également détourner brièvement la tête du microphone pour minimiser le son. Comme insistent les professionnels, le tout ce n'est pas seulement d'avoir une jolie voix, il faut savoir s'en servir !

Pour ceux qui souhaitent acquérir une maîtrise de leur voix pour l’enregistrement destiné aux productions audiovisuelles (thématique didactique, corporate, info, narration), il faut être capable de :
- prendre conscience de son propre champ (chant) respiratoire,
- savoir gérer son souffle (diaphragme) pour apprivoiser le trac,
- trouver la place de sa voix naturelle, identifier et fortifier son timbre,
- affirmer sa dynamique vocale, asseoir sa vibration personnelle,
- préserver et entretenir sa sphère ORL,
- acquérir et développer la pratique du micro (posture physique, attitude comportementale),
- se libérer des contraintes techniques liées à l’enregistrement sonore,
- aborder un texte en utilisant ses articulations, sa «dramaturgie»,
- situer son interprétation vocale dans la perspective de l’auditeur (de l’écrit à l’oralité),
- donner du poids à ses mots, du sens à sa parole,
- se familiariser avec les conditions de travail professionnelles, en lien avec la direction artistique et technique.


Cela est particulièrement vrai pour les documentaires, où le défi est de capter l'intérêt du public avec une voix attrayante, tout en le gardant concentré sur le contenu du documentaire dans son ensemble. Il est extrêmement important que les équipes de production sélectionnent le bon talent de voix off. Une bonne voix-off documentaire se lit facilement et clairement. Les narrateurs de documentaires ont souvent des voix particulièrement engageantes et ont peu de chances de présenter une quelconque caractéristique déplaisante - comme la stridence - qui donnerait envie aux auditeurs de zapper. Dans le même esprit pour éviter que le téléspectateur décroche, certains documentaires peuvent choisir d'adapter leur voix hors champ en fonction des pays.
Le documentaire «Planet Earth», par exemple, a utilisé la narration professionnelle de David Attenborough pour la version originale de la BBC, tandis que Sigourney Weaver a fourni la voix off pour la version américaine de Discovery Channel, la version française par Jacques Frantz, et la version canadienne par Charles Tisseyre.

 

Les différents types de voix off

La voix off de publicité : programme incontournable de la télé ou de la radio, les voix-off publicité mais aussi du cinéma et sur internet. On distingue d’un coté ; les voix de pub « comédie » grâce auxquelles ont donne vie à un personnage dans le spot, le plus souvent en radio, et de l’autre ; les voix-off de signature de marque.

Les billboards : formats publicitaires très courts accolés aux programmes et aux bandes-annonces et qui ont pour but de parrainer les émissions.

La voix off de film institutionnel ou corporate : la voix off est un outil de premier ordre dans ce type de film nécessaire à la promotion des produits ou services.

La voix de documentaire : celle qui fait la narration du documentaire.

La voix d’émission TV : celle qui présente les gains à remporter par exemple.

La voice-over : le comédien interprète un personnage en français par dessus l’enregistrement en langue d’origine.

Les voix des bandes-annonces : TV, ciné, radio, qui font partie de notre quotidien audible.

La voix de fictions : le procédé de la voix hors champ est régulièrement utilisé dans les fictions cinéma ou TV.
On pourra citer aussi les voix d’habillages de TV ou radio », les voix attentes téléphoniques, les livres audio, mais aussi les audiodescriptions, les voix dans les jeux vidéos, les e-learning, les podcasts, les voix réalisées pour de la synthèse vocale, les GPS, voire même les répondeurs téléphoniques.

Auparavant on pouvait distinguer voix-off et voice-over. Alors que la voix off correspond à la voix d’une personne qui n’est pas présenté à l'image, le voice-over consiste à remplacer ou à superposer, la voix originale par le texte traduit. Sans tenir compte des mouvements de bouche. On peut ainsi soit substituer complètement la traduction à la version originale ou alors laisser cette dernière en fond sonore.
Par exemple, lorsque dans des documentaires, des reportages, on assiste à une interview en anglais, on entend bien la voix de la personne interviewée en fond mais on entend surtout la traduction en français qui à été ajoutée par-dessus. De nos jours, le distinguo entre voice-over et voix-off n'est plus d'actualité.

 

Une rémunération au cachet

Pour ce qui est des conditions d'exercice, les comédiens voix-off peuvent soit intégrer un studio d'enregistrement ou le faire depuis leur domicile lorsque les projets le permettent. Depuis quelques années, le prix du matériel d’enregistrement ayant considérablement baissé, les comédiens de voix off peuvent travailler depuis leur domicile, ce qui n’empêche aucunement un rendu audio de très bonne qualité. Depuis que le « home studio » a pris de l'ampleur, le métier a aussi pris un nouveau tournant et le tarif des prestations s'est démocratisé. Mais la profession a essuyé plusieurs coups durs cette dernière décennie avec l'arrivée sur le marché de sociétés étrangères proposant des voix pour quelques euros ou encore la délocalisation de studios d'enregistrement en Belgique, pays non soumis au droit français de la propriété intellectuelle.
Les voix-off n'ont pour autant pas abdiqué. Certains comédiens ont décidé d'élargir leur champ de compétences et/ou de se fédérer en associations pour se faire entendre d'une seule et même voix ! Un comble pour les métiers du speak mais nécessaire pour que la profession continue d'exister. Et d'exister dans de bonnes conditions financières. En général, l’enregistrement d’un spot publicitaire se tarifie aux alentours de 500 euros à la radio et de 750 euros à la télé (tarif dégressif si plusieurs prestations). D'autres vont facturer au nombre de mots si le projet est d'une envergure moindre. Dans tous les cas, le produit fini sera livré dans un fichier au bon format.

Difficile d'obtenir des données précises, mais environ 3 000 professionnels vivraient de leur organe vocal. En ce qui concerne le rythme de travail quotidien, cela dépend des contrats. Mais il est possible de faire plusieurs jingles ou pubs en une seule journée, sachant que les cachets peuvent aller de 50 € à 1000 €. Avec la multiplication des chaînes de télé, des plates-formes telles que Netflix ou Amazon, l’explosion des serveurs vocaux et de la pub audiovisuelle (on enregistre chaque année 15 000 spots pour la télé et environ 100 000 pour la radio) ce marché pas comme les autres ne semble pas avoir dit son dernier mot !