Cartographie métiers Photographe culinaire

Photographie culinaire : une discipline bien dans son assiette

Si notre société moderne est résolument orientée sur l'image, la photographie culinaire en est l'illustration la plus concrète. On n'a jamais autant photographié nos plats. Les initiés ont pour habitude de plaisanter : « Avant chaque repas, les gens faisaient une prière, aujourd'hui les gens prennent des photos de leur nourriture avant de manger ». Les réseaux sociaux, en particulier Instagram, ont propulsé la photographie culinaire à des sommets de popularité. Il ne suffit pas de publier des images de nos plus belles assiettes, nous jugeons également important de les présenter dans un style attrayant. Une fois que la nourriture est servie sur la table, elle doit d'abord être immortalisée avant de passer par la phase dégustation. Mais au-delà de la «food photo» sur Instagram se cache une réelle discipline, une vraie profession : celle de photographe culinaire.


Valeur ajoutée pour les entreprises

La définition de base de la photographie culinaire est présentée sur Wikipedia comme telle : « La photographie culinaire est une spécialisation de la nature morte de la photographie commerciale, visant à produire des photographies attrayantes d'aliments à utiliser dans des publicités, des emballages, des menus ou des livres de cuisine. La photographie culinaire professionnelle est un effort de collaboration, impliquant généralement un directeur artistique, un photographe, un styliste culinaire, un styliste d'accessoires et leurs assistants ».
Avec cette définition, on comprend que le photographe culinaire collabore avec plusieurs personnes lors d'un projet et souvent avec un styliste culinaire.
La photo culinaire est une discipline qui trouve aujourd’hui de multiples applications dans les domaines de l’édition et de la publicité. La plupart des livres de cuisine et des magazines gastronomiques sont en effet illustrés par des photographes culinaires. Ces derniers sont spécialisés dans la mise en scène des aliments, réalisent également des affiches et des images publicitaires pour l'industrie alimentaire.
La photographie culinaire est une forme d'art. Elle ne se limite pas aux menus des restaurants, mais concerne également les livres de cuisine, l'emballage des produits, du matériel promotionnel... À une époque où les photos de nourriture inondent les feeds de médias sociaux, il est possible que de nombreuses entreprises pensent que n'importe qui peut s'improviser photographe culinaire. Or, les résultats de l'acquisition d'un professionnel sont incontestablement meilleurs. Bien que la photographie dite de stock puisse être bon marché, une entreprise peut avoir une image identique à celle d'un concurrent, rendant ainsi sa campagne publicitaire bien moins percutante.
Et certaines entreprises l'ont bien compris. Ces dix dernières années, la photographie culinaire s'est institutionnalisée et a désormais plusieurs rendez-vous internationaux avec un festival international de la photographie culinaire, un salon dédié à Paris ou encore le Pink Lady aux États-Unis...

La lumière : l'atout indispensable

Le photographe culinaire doit donc susciter l'envie, cerner l'ambiance, l'atmosphère qu'on veut faire passer à travers son image. La recette est-elle pour quelque chose de gastronomique ou correspond-elle plutôt à une cuisine minceur ?
Pour mener à bien son projet, le photographe culinaire doit s'adapter à de nombreuses situations. On pourrait penser qu'il travaille à la création d'une nature morte mais en réalité, il doit s'adapter à chaque plat et composer avec quelques principes de base :

  • Tirer profit de la couleur, de la texture, de l'allure générale d'un plat pour susciter l'envie de le déguster.
  • Mettre en action les astuces pour « tricher » afin qu'une recette paraisse plus attrayante.
  • Rester vigilant sur la texture car certains mets peuvent fondre par exemple.
  • Savoir photographier des mets de petite taille.


À présent, mettons de côté la partie technique de la photographie pour nous attarder sur une partie plus créative, celle de la mise en scène. Accessoiriser un décor, créer une ambiance ou prêter un soin particulier au stylisme culinaire peut faire partie des missions du photographe culinaire. En fonction du budget alloué à un projet, le photographe culinaire peut également faire office de styliste culinaire. Un certain goût de la mise en scène peut donc jouer en votre faveur et ajouter une corde de plus à votre arc. Lorsque le projet le permet, le photographe culinaire peut travailler aux côtés d'un styliste, d'un accessoiriste, d'un assistant...

L'un des facteurs les plus importants qui affectent le résultat final d'une photographie culinaire est sans nul doute la qualité de la lumière. La bonne nouvelle est que, comme la scène est facilement transportable, on peut avoir un bon contrôle sur l'éclairage.

  • L'éclairage naturel des fenêtres domine généralement la photographie culinaire professionnelle. L'éclairage doux et dispersé généralement donné par l'éclairage naturel des fenêtres projette des ombres très douces qui fonctionne à merveille avec de nombreuses photographies de nourriture. En général, le meilleur éclairage est de l'avant (c'est-à-dire venant par-dessus l'épaule du photographe), mais tous les angles de lumière naturelle peuvent être mis en œuvre. Selon la quantité de lumière disponible, le trépied est une option souvent privilégiée.
    Les réflecteurs se présentent aussi comme une autre alternative. Afin de disperser encore plus la lumière ou atténuer certaines des ombres, la réflexion de la lumière naturelle est une option.
  • Éclairage artificiel : parfois, vous ne pourrez tout simplement pas être en mesure de profiter de l'éclairage naturel. L'utilisation d'un éclairage artificiel nécessite des connaissances spécifiques notamment pour photographier des aliments.
  • Photographie sombre. Une tendance croissante dans certaines photographies culinaires consiste à opter pour un style à faible éclairage et un cadre sombre. Il s'agit davantage d'utiliser les couleurs sombres de la nourriture, de son arrière-plan et de son environnement en combinaison avec l'éclairage naturel des fenêtres. Plusieurs noms sont donnés à ce type de photographie : clair-obscur, mystic Light ou encore Chiaroscuro, un terme italien devant son origine à la peinture. Il se caractérise par un fort contraste clair-obscur, comme dans les tableaux de Rembrandt ou de Vermeer.

La retouche de photos occupe également une grande partie du travail du photographe culinaire. Le traitement des photos permet de gérer la balance des blancs, d'apporter facilement un peu de chaleur ou au contraire refroidir l’ambiance générale de la photo. Le post-traitement est le moment où l'on peut apporter une dimension artistique aux images alimentaires les plus élémentaires.
Pour la photographie éditoriale ou publicitaire, la nourriture doit être aussi naturelle que possible. Mais ils peuvent rendre la nourriture irréaliste et peu appétissante. Avec la photographie culinaire d'art, le photographe a un peu plus de marge de manœuvre. Surtout en ce qui concerne le traitement des couleurs.

Internet, un marché pour l'avenir ?

Un livre de cuisine standard propose sur chaque double page une recette écrite et une photographie en vis-à-vis avec, en image, les étapes de la recette. Ce type d'images pourraient trouver une nouvelle place dans les éditions numériques qui gagnent du terrain. Il semble que ces livres 2.0 s’adressent à un public jeune. Mais pour intéresser ce public, il ne faut pas hésiter à dépoussiérer le genre. Certaines maisons d'éditions ont d'ailleurs pris ce tournant numérique : le grand livre de cuisine d’Alain Ducasse et Le Grand Larousse de la gastronomie sont désormais disponibles sur tablettes et incluent des vidéos et des photographies en trois dimensions afin de contenir des éléments qui les rendent différents du support papier.

Ce type de produit représente sans nul doute une manne financière pour les photographes culinaires. Le marché de l'édition culinaire monte d'ailleurs aussi vite que les blancs en neige avec 1 400 nouveautés en 2010 (contre 800 en 2002), soit près de quatre nouveaux titres par jour ! Entre octobre 2010 et septembre 2011, les éditeurs se sont partagé un beau gâteau de 126 millions d'euros !
De quoi susciter des vocations car selon les prédictions des spécialistes, le domaine de la photographie devrait croître de 13% entre 2015 et 2025. Bien que cela soit plus rapide que la moyenne de toutes les professions, la croissance globale sera ralentie en raison de l'accessibilité des appareils photo numériques et du nombre croissant de photographes en herbe. Au cours de la même période, les photographes indépendants devraient connaître une croissance de 15%.
Enfin, selon le site Indeed.com, le salaire annuel moyen des photographes culinaires est de 40 000 euros environ. Les tarifs facturés sont déterminés comme toujours par le niveau d'expérience et d'expertise du photographe. C'est pourquoi de plus en plus de formations sont proposées pour se perfectionner dans cette spécialisation qui connaît un engouement constant.