Cartographie métiers Ça bourdonne dans le monde des drones FPV

Il y a maintenant plus d'une dizaine d'années que le drone, cet engin télépiloté à distance, vient tutoyer les cieux. Initialement réservé à quelques passionnés pour le loisir, les drones ont pris une ampleur phénoménale. Ils sont aujourd'hui objet de convoitise et deviennent indispensables au quotidien de nombreuses filières. Surtout avec l'utilisation du drone en vol immersif, appelée aussi drone «FPV» (first person view). C'est le moment de bien se former pour s'envoler à vitesse grand V !

 

De la compétition sportive à l'usage professionnel

 

Le vol en immersion d'un drone (en anglais «First Person View» ou FPV) est une discipline qui consiste à diriger le drone, sans pilote à bord,  via des images aériennes retransmises en direct, par une caméra embarquée sur l'aéronef. Le retour vidéo durant le pilotage peut se faire sur un écran de contrôle comme un smartphone ou une tablette. Cette technologie permet au pilote de visualiser en direct la vidéo diffusée. Toutefois, l’utilisation de lunettes FPV permet une immersion totale beaucoup plus réaliste et sensationnelle. La qualité actuelle des images renforce ainsi l’expérience de vol avec un drone FPV.  C’est grâce à la démocratisation des drones chez les particuliers ainsi qu’à celle des casques de réalité virtuelle que le vol immersif a pu voir le jour.

 

Il était à l’origine prévu pour des compétitions sportives car il permettait au pilote de se trouver dans le cockpit de son drone à l’aide de lunettes disposant d’un retour direct de la caméra placée sur l'aéronef. C'est pour cette raison que les drones équipés du système « First Person View » sont largement plébiscités auprès des adeptes du FPV Racing, c’est-à-dire des courses de drones.  Le FPV racing est une nouvelle discipline sportive très spectaculaire, qui utilise des petits drones très rapides appelés Racers. Le « racer » est équipé d’une caméra et d’un retour vidéo avec le moins de temps de latence possible pour que le pilote reçoive les images en temps réel. Ce loisir visuellement impressionnant, se déroule dans des parcours d’obstacles où les pilotes doivent réaliser leurs figures et franchir la lignée d’arrivée en première position. Le tout sans endommager leur drone extrêmement fragiles.

 

Outre, l’utilisation du drone FPV dans le domaine des loisirs, son usage se propage désormais dans le domaine professionnel : cinéma, architecture, immobilier, tourisme, agriculture …

Le premier domaine à avoir exploité le drone FPV est l'armée. Puis, son usage s'est  démocratisé car il permet également la réalisation de prises de vues aériennes vidéo ou photographiques, y compris dans les paysages inaccessibles. La capacité des drones FPV à pénétrer dans des environnements dangereux pour les humains les rend efficaces pour les missions de recherche et de sauvetage. Ils peuvent être pilotés à distance pour localiser les personnes dans des situations dangereuses, évitant ainsi en grande partie le besoin de présence physique. De même, les drones peuvent être utilisés pour inspecter les infrastructures physiques difficiles d'accès, telles que les ponts et les immeubles de grande hauteur. Au sein des exploitations agricoles, un drone FPV permet à un agriculteur de surveiller les cultures et le bétail beaucoup plus rapidement que ce qui est possible avec une inspection au sol. Pour cela le professionnel est équipé d’un masque et visualise en direct les images captées par le drone que le pilote dirige selon les souhaits du professionnel.

De par sa taille et sa vitesse de pointe (170 km/h), ce drone est l’outil idéal pour filmer en extérieur mais aussi dans des espaces clos. La maniabilité de ces drones permet de réaliser des figures qui donneront une envergure et un cachet intéressant à de nombreux projets.

Le monde du cinéma et de la musique en tire déjà parti. Le célèbre groupe de rap PNL a d'ailleurs dans un de ses clips fait apparaître des plans filmés avec la technologie FPV. Ces  images shootées par le racer Thierry Masson (alias Titi Puerh), viennent clairement enrichir les prises de vues aériennes classiques. « C’était une première sur une production de ce type, et je suis persuadé que c’est le début d’une nouvelle pratique. Il est évident que ces images ne peuvent pas constituer l’intégralité d’une vidéo, c’est un plus qui permet des plans différents », avait-il déclaré à l'issue du tournage, il y a deux ans. (Clip PNL «A l'ammoniaque» sur YouTube).

Le FPV s’avère extrêmement utile pour les photographes, les vidéastes et bien entendu les “racers”. Finies les mauvaises surprises au montage. Ce système permet de cadrer et composer l’image avec une facilité de cadrage et d'exposition  en temps réel. Ceci est doublement avantageux pour les professionnels de l’image car, outre l’assurance d’une image de meilleure qualité, le vidéaste en retire un gain de temps considérable. 

 

Si certains optimistes parlent de révolution technologique, d'autres ont tendance à noircir le tableau de l'avenir pour la profession et pensent que télépiloter un aéronef n'est pas un métier en soi mais une valeur ajoutée sur un CV. Or, la simple maîtrise d’un aéronef ne suffit pas à exercer ce métier. Ce qui vaut également pour le vol par immersion qui demande des connaissances techniques spécifiques. Surtout dans le FPV, les techniciens tendent à construire eux-mêmes leurs engins et recèlent de compétences. Avant toute mission, le pilote de drone s’assure de comprendre les besoins de son client puis de la faisabilité de l’opération vis-à-vis de la réglementation aéronautique. Vient ensuite la constitution d’un dossier d’opération regroupant un grand nombre d'informations : plan de vol, documents administratifs, choix du matériel, données techniques, paramètres de navigation,...

Le pilote de drone doit également s’assurer que le vol s’effectuera dans les meilleures conditions et cela implique une excellente préparation de l'environnement dans lequel va se dérouler l'action. Organisation, sérieux et prudence font partie des qualités requises pour exercer en tant que professionnel. Bien connaître les mesures d’urgence en cas de défaillance de la machine est également un facteur essentiel.

Enfin, un bon niveau rédactionnel est utile pour rédiger les comptes-rendus de mission à remettre au client.

 

 

Une pratique hautement réglementée dès 2021
(source wiki-fpv.com)

 Avec des coûts de moins en moins exorbitants, nombreux sont ceux qui peuvent désormais s'équiper. Mais s'équiper ne rime pas avec se former. Car une fois l'objet entre les mains, encore faut-il savoir le manier et exploiter les images de la meilleure des façons. La formation est utile à plusieurs titres : elle permet une maîtrise du matériel, aux nombreuses règles et lois à connaître, mais aussi elle prépare à l'examen théorique pour pouvoir voler avec son aéronef. Le pilotage d'aéronef en FPV étant plus contraignant que le pilotage à vue.

L’utilisation d’un drone dans l’espace aérien est réglementée par la DGAC (Direction Générale de l'Aviation Civile), qui impose au pilote d’avoir toujours son drone à vue. Pour voler en immersion avec des lunettes ou un masque, le télépilote doit impérativement être accompagné d’une tierce personne. Le pilotage en FPV requiert en plus des autres règles celle de piloter à une hauteur maximum de 50 mètres même si la zone survolée autorise 150 mètres. En intérieur ou dans des zones sécurisées (filets de protection ou autres), la réglementation pour le FPV est différente et le pilote peut piloter son drone via les images aériennes diffusées dans son masque, sous réserve que la sécurité des tiers ou des spectateurs soit assurée. Dernièrement, la législation vient d'ajouter une nouvelle loi applicable dès début 2021 : les drones doivent émettre un signalement électronique. Ce dispositif diffuse à intervalles réguliers l'identité de votre drone lorsqu'il est en vol. Le législateur français a pour volonté à court terme de se conformer aux directives européennes. S'informer régulièrement reste donc la meilleure option afin de d'être toujours au fait de l'actualité.

Tabler sur l'explosion du drone FPV à usage professionnel n'est pas un vœu pieux. Car les données chiffrées sur le drone de manière générale sont porteuses d'espoir. En effet, le drone civil en France est représenté en 2018 par 7415 entreprises officiellement inscrites sur la liste émise par la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC) en tant qu’exploitantes de drones. Pour mieux comprendre la professionnalisation du métier, voici les domaines qui enregistrent le plus grand nombre d'heures sur une année.

 

- 108 227 heures de vol

  • Cinéma, information et médias
  • Photographie
  • Publicité
  • loisirs, communication

 

- 50 928 heures de vol

  • Immobilier : inspection, modélisation
  • Génie civil : travaux publics ; contrôle et inspection d’ouvrages d’art, de sites industriels, de bâtiments, de ponts, de barrages ; cartographie et calcul de volumes
  • Infrastructures et réseaux : contrôle et inspection de réseaux de transports et d’énergie (voies ferrées, réseaux électriques, pipelines, oléoducs, gazoducs), gestion industrielle des sites d’exploitation de l’industrie minière et pétrolière (hors réseaux d’acheminement).

 

En 2018, 78% du marché français des drones civils en valeur étaient représentés par les drones professionnels, contre 22% pour les drones de loisir. En 2020, le marché mondial des drones professionnels a atteint près de six milliards de dollars. Avec une nouvelle façon de visualiser les images en temps réel, le drone FPV semble ne pas avoir fini de faire parler de lui.